L’axe méridional du Sénégal est depuis plus de quatre décennies le théâtre d’un conflit séparatiste opposant l’Etat à des groupes rebelles sous le nom de mouvements des forces démocratiques casamançaises (MFDC). Même si depuis quelques années le conflit semble avoir baissé en intensité dans la région, les dernières offensives de l’armée viennent démontrer si besoin en est, toute son actualité. Les importantes prises effectuées par le bras séculier de l’Etat n’ont d’égales que la grande médiatisation qui les a accompagnées. En effet, devant la presse nationale et internationale, l’armée est sortie de sa réserve légendaire pour présenter son « butin de guerre » matérialisé par la prise de bastions hautement symboliques des indépendantistes. Pour les militaires cette offensive est motivée par la reprise d’attaques violentes et sporadiques des maquisards contre les civils. En outre, elle se justifie par le besoin de restaurer l’autorité de l’Etat en permettant notamment le retour des déplacés dans leurs villages en toute sécurité. Ces récentes offensives de l’armée sénégalaise sont l’occasion de revenir sur ce conflit historique et asymétrique afin d’en saisir les enjeux actuels qui permettent a minima d’en comprendre les logiques.
Les causes et origines d’une revendication indépendantiste
Exemple de démocratie sur le continent africain avec un multipartisme expérimenté très tôt et des alternances au pouvoir pacifiques, le pays connaît une rébellion active sur son territoire qui remet en cause le monopole de la coercition légitime de l’Etat. Ce dernier fait figure de référence pour avoir notamment échappé jusqu’ici, à l’instabilité institutionnelle structurelle sévissant sur le continent. L’avènement de la rébellion en Casamance est rattaché à plusieurs facteurs dont sans doute son aspect politique, sur lequel s’est greffé celui ethnico-culturel et économique en est le plus déterminant. Une importante littérature sur la question permet de repérer ces facteurs même si, certaines explications ont été critiquées du fait qu’elles seraient teintées d’ethnocentrisme. En effet, pendant longtemps les conflits sur le continent africain furent appréhendés par le prisme confessionnel, ethnique ou encore régionaliste[1]. La guerre opposant l’Etat sénégalais aux rebelles en Casamance n’a pas échappé à cette logique car, l’argument ethnoculturel a fortement été mobilisé dans les analyses et débats. Par conséquent les effets et autres ramifications ont parfois été pris comme des causes faisant ainsi émerger des grilles de lecture que l’évolution du conflit a aujourd’hui remis en cause. On trouve aussi bien des communautés Joola ou mandingue dans le reste du pays que des wolofs en Casamance vivant en parfaite harmonie. L’instrumentalisation de l’identité Joola dans le cadre du conflit ne s’est pas traduite par des hostilités violentes outre mesure ou, en une guerre ethnique comme ailleurs sur le continent. Dans ce conflit, il y a donc une imbrication de facteurs de nature aussi diverse que variée et parfois insoupçonnés qui d’une manière ou d’une autre, constitue des éléments qui ont contribué à l’avènement du conflit et le font vivre. Le conflit n’a pas démarré avec les affrontements armés, il y a tout un processus derrière allant notamment de la formation de la base sociale du nationalisme casamançais aux évènements de décembre 1982[2] en passant par l’arrestation et la condamnation notamment de l’abbé Diamacoune Senghor figure majeure du conflit.
En tout état de cause, c’est souvent la date du 26 décembre qui constitue très souvent le repère du déclenchement du conflit. Elle symbolise la répression de la marche vers la gouvernance de la région, avec l’objectif pour les marcheurs de remplacer le drapeau sénégalais par le leur. La répression de la marche marqua les esprits et constitua pour beaucoup le début de la rébellion casamançaise. Plusieurs explications sont fournies par des chercheurs et autres spécialistes de la région pour la compréhension du conflit. La question économique a été mobilisée comme un aspect majeur dans les analyses. Geneviève Gasser explique notamment que l’engagement des jeunes dans le maquis s’estomperait si des opportunités d’emploi s’offraient à eux.[3] Il y a dès lors, derrière ce conflit interminable où la spécificité culturelle est fortement mobilisée, une question de justice sociale et économique. Pour autant feu le professeur Assane Seck, dans ses mémoires politiques[4], relativise cet argument d’une région en retard économique. En effet selon lui, des huit régions à l’époque, la Casamance était l’une des plus nanties. Ancien ministre et élu de la région sud, il pointe plus du doigt des aspects politiques qui expliquent l’avènement du conflit. Dans son ouvrage intitulé, Sénégal émergence d’une démocratie moderne, il souligne que la création du MFDC répondait à des nécessités politiques notamment la volonté pour les cadres locaux d’intégrer les centres de décisions fortement localisés à Dakar et où, des décisions concernant la région sud sont prises sans l’association de la population locale. Il précise qu’à l’époque, le MFDC n’était pas le seul mouvement créé sur cette base revendicatrice d’une meilleure prise en compte des régions autres que Dakar dans la fabrique de la décision publique. Il existait des mouvements pareils dans d’autres régions comme l’union des ressortissants du Sénégal oriental (URDSO) au Sénégal oriental et dans la vallée du fleuve Sénégal avec l’union générale des originaires de la vallée du fleuve (UGOVAF).[5]
La dimension armée du conflit constitue une évolution de celui-ci en d’autres termes, une radicalisation du mouvement vers la revendication indépendantiste. Pour le politiste Jean Claude Marut « le mouvement indépendantiste casamançais est la manifestation d’un point de vue politique et que c’est sa criminalisation qui est à l’origine de la violence armée et de sa prolongation.» [6] Face à une demande politique somme toute légitime, une réplique armée a pu donc mener à la situation de ni paix ni guerre dans laquelle s’est engouffré le Sénégal validant ainsi la thèse de l’accident défendu par le professeur Assane Seck. Une erreur politique majeure aux conséquences très lourdes aussi bien sur le plan social qu’économique mais également géopolitique instaurant des relations parfois heurtées avec les voisins directs.
Un autre aspect mérite d’être souligné parmi les raisons qui peuvent expliquer les rapports tendus entre l’Etat et la Casamance et donc l’avènement du conflit. Celui-ci est lié à l’histoire coloniale du pays notamment son organisation administrative qui n’a pas été mieux gérée avec l’accession du pays à l’indépendance. La verte Casamance bénéficiait en effet dans l’organisation administrative coloniale d’un rapport avec la métropole presque non pas sans égale avec le reste du pays mais tout de même particulière. La position géographique de la région, l’histoire de sa création qui en fait une zone d’influence française tandis que les pays voisins avec lesquels elle partage les limites de l’Etat du Sénégal revenaient aux anglais et portugais en formant une sorte d’enclave. La Casamance, même si elle ne jouissait pas des privilèges et prérogatives des quatre communes comme Saint-Louis ou Dakar, détenait un lien avec la France colonialiste qui faisait ressortir une certaine spécificité. Les indépendantistes s’appuient dans leur grande majorité sur cet aspect pour tenter d’expliquer que la région était administrée à l’instar de tout autre pays sous le joug colonial.
S’il est vrai que l’aspect ethnoculturel et même celui confessionnel ont parfois été des prismes de lecture des phénomènes sociaux et politiques en Afrique à prendre avec des précautions, il n’échappe pas que l’argument de la spécificité culturelle a constitué un puissant marqueur dans le conflit casamançais. Dans les représentations des acteurs indépendantistes, la culture Joola revendiquée par les rebelles fut un moyen de légitimation de la lutte. Elle permettait de s’appuyer sur la communauté Joola majoritaire dans la région, de créer cette ligne de fracture d’avec le reste du pays notamment le nord. Un fort sentiment d’injustice fut entretenu vis-à-vis des sénégalais habitant vers le nord du pays que l’on accusait de venir s’installer avec des privilèges que leur accordait le gouvernement dans le sud au détriment des locaux. Ils étaient notamment accusés de profiter de la loi sur le domaine national qui faisait qu’ils bénéficiaient de titres fonciers sur des terres qui, traditionnellement appartenaient aux locaux.
Les enjeux et dynamiques actuels du conflit : Mutations géopolitiques régionales et essoufflement de la rébellion
Les récentes offensives semblent s’inscrire dans une volonté de mettre définitivement sous cloche le conflit casamançais. Il y a dans la récupération d’anciennes bases stratégiques et la communication publique d’envergure qui l’accompagne plus qu’une volonté d’affaiblir la rébellion, une décision de mettre fin au conflit. Si cela est avéré, ce serait un tournant majeur du conflit car l’action militaire dans la zone a toujours été caractérisée par sa discontinuité alternant entre accalmie et périodes offensives intensives. Au-delà de la communication officielle de l’armée et du gouvernement légitimant les sorties militaires actuelles, il ne faudrait pas perdre de vue les mutations géopolitiques dans la sous-région qui offrent un terrain plutôt favorable à l’éradication de la rébellion. En effet, par leur forte résistance, les rebelles étaient parvenus à faire du conflit une guerre d’usure. Celle-ci se manifeste notamment, par des attaques sporadiques violentes qui émeuvent l’opinion mais plus généralement par une situation de ni paix ni guerre. Cet équilibre précaire permettait même aux rebelles de se doter de frontières qu’ils invitent l’Etat à ne pas franchir sous peine de ripostes dont on sait qu’elles viseraient les civils. D’ailleurs, pour les ONG qui s’engageaient à déminer les territoires du conflit, il arrivait que leurs effectifs sur le terrain soient victimes d’enlèvement ou simplement tués par les rebelles.[7] Ce régime de la terreur et les actes d’intimidation auxquels il donne lieu avait fini de faire de la région une zone dangereuse aussi bien pour les populations dont beaucoup sont aujourd’hui des déplacés que pour les touristes également [8].
Cependant, comme dans tout conflit, les rebelles ont besoin de moyens techniques mais aussi financiers pour survivre mais surtout d’une base arrière où se replier lors des offensives de la puissance militaire. Dans le cas d’espèce, la Gambie surtout, et la Guinée-Bissau de par le passé ont pu offrir cette arrière-cour aux sécessionnistes. Les changements politiques intervenus ces dernières années dans ces pays ont une forte incidence certaine sur l’évolution du conflit. Cela est d’autant plus vrai avec l’exemple de la Gambie où le départ du pouvoir du président Yaya Jammeh et l’arrivée du président Adama Barrow a constitué une douche froide pour les rebelles. Le départ du pouvoir de Jammeh sous la contrainte militaire menée en grande partie sous la direction de l’armée sénégalaise modifie en profondeur la géopolitique du conflit. L’ex-président gambien est connu comme étant un grand souteneur des rebelles lesquels rentraient bien dans sa stratégie d’affaiblissement de son voisin francophone. Il n’est pas aisé d’expliquer clairement l’origine de l’hostilité du président gambien à l’égard du Sénégal. La crainte d’un Sénégal fort faisait sans doute planer une menace sur la Gambie, petit territoire par la taille étouffant sous le poids politique et économique du voisin. Tout, en effet, oppose les deux pays malgré la proximité culturelle des deux peuples forgeant par ailleurs le concept de la Sénégambie. Sur le plan politique, la Gambie se caractérisait par un pouvoir plutôt versé dans un autoritarisme aveugle réprimant toute logique contestataire. Face à cette situation, le Sénégal adulé pour sa démocratie civilisée offrait un refuge aux opposants et autres citoyens malmenés en Gambie, ce qui était mal vu et suscitait l’inimitié du président Jammeh.
Son départ du pouvoir à la perte des élections dont il avait tenté de rejeter les résultats, ferme aujourd’hui les possibilités de retranchement des rebelles dans ce pays. Cela est d’autant plus vrai que l’actuel président a bénéficié d’un grand soutien du Sénégal notamment pour son accession au pouvoir et constitue donc un allié sûr.
On peut en dire autant de la Guinée Bissau dont le président Umaro Sissoco Embalo se présente également comme un allié sûr pour le Sénégal du fait notamment de sa proximité avec le président Macky Sall. La Guinée-Bissau n’a pas toujours été ce pays sur qui le Sénégal pouvait compter dans le conflit casamançais. Pour Jean Claude Marut, la situation post-guerre de libération avait installé une certaine instabilité dans ce pays et les risques d’interfaces avec la rébellion étaient apparus comme un des enjeux majeurs du conflit. Ce n’est pas un hasard si ce conflit s’est prolongé en territoire bissau-guinéen, et que des acteurs bissau-guinéens s’y sont invités à plusieurs reprises, en des sens parfois opposés.[9]
Aujourd’hui donc les frontières du conflit semblent offrir une certaine garantie pour contenir la rébellion ce qui sans doute explique plus ou moins l’affaiblissement de cette dernière.
D’ailleurs, d’anciens combattants du maquis semblent s’être orientés dans une nouvelle dynamique pour poursuivre le combat par des moyens politiques. Il y a aujourd’hui de plus en plus une démobilisation notée chez les sécessionnistes pour diverses raisons. Les chercheurs Sergiu Miscoiu et Mathilde Leyendecker décrivent très bien ce processus de démobilisation. D’après eux : « la plupart des anciens combattants restent en Casamance, pour des raisons différentes, principalement liées à l’absence de ressources, ne font plus la guerre et s’adonnent à d’autres préoccupations pour subvenir à leurs besoins. Une partie rejoint le maquis en Guinée-Bissau ou se disperse en Gambie, où ils obtiennent rarement l’asile politique. D’autres quittent la Casamance et le Sénégal, en abandonnant toute activité militaire ou politique. Enfin, une dernière partie (que l’on peut estimer comme étant à la hauteur d’une centaine de personnes) quitte la Casamance mais reste au Sénégal afin de poursuivre politiquement le combat. »[10]
Ainsi donc ces mutations importantes transforment la nature du conflit et offrent une fenêtre d’opportunité pour l’armée sénégalaise qui multiplient depuis quelques mois maintenant les offensives se matérialisant par la récupération de bases rebelles extrêmement stratégiques. Par conséquent, cette situation et la géopolitique nouvelle de la sous-région, semblent expliquer les assauts de l’armée qui sont également sans doute destinés à répondre à un autre grand enjeu en l’occurrence la problématique de l’exploitation du zircon.
L’enjeu stratégique de l’exploitation du zircon
La problématique du zircon en Casamance est aujourd’hui un enjeu majeur qui pourrait devenir un élément nouveau du conflit s’il ne l’est déjà. L’on peut rappeler la sortie de Nkrumah Sané qui soutient que l’exploitation de la mine de zircon serait « une déclaration de guerre, les armes parleront ». Il faut dire que le potentiel de réanimation du conflit à travers la décision d’exploiter la mine reste énorme. D’ailleurs la mine est déjà l’objet d’un conflit certes larvé, entre l’Etat et les populations locales qui excipent de la menace environnementale pour s’opposer à son exploitation. Ce conflit a débuté en 2004 lors de la première cession de contrat d’exploitation par le régime de Wade à l’entreprise australienne Carnegie Mineral.[11] La mine est porteuse de grand espoirs en raison de ces retombées économiques estimées à 92 millions de dollars.[12]
Cependant l’exploitation de la mine n’a pas pu démarrer du fait de la contestation du projet par les populations riveraines soutenues par des acteurs de la société civile et de mouvements écologistes. Le projet est contesté par ces derniers car il comporterait de graves atteintes à leur environnement et à la biodiversité. En effet, pour les populations, cette exploitation de la mine signifierait une dégradation de leur écosystème dans lequel elles tirent leur existence économique grâce notamment à la culture de la mangrove. L’exploitation de la mine concerne par ailleurs 52 villages qui ne partagent pas la même vision du problème ce qui, interpelle sur la complexité de la question.
L’exploitation de la mine soulève d’autres enjeux notamment géopolitiques. Le conflit est en effet l’expression de la convoitise des matières premières dans le Sud par les puissances du Nord. Le zircon constitue en effet un minerais stratégique utilisé dans la joaillerie et dans l’industrie nucléaire. L’intérêt de la Chine pour la mine démontre également la transformation du jeu des relations internationales dans lequel, la Chine pendant longtemps confinée à un rôle intermédiaire dans la division internationale du travail, participe dorénavant à la course aux matières premières comme les puissances occidentales. Le conflit autour de l’exploitation de la mine est l’expression également de l’insertion de l’Afrique dans les scènes de la contestation de l’économie productiviste à travers les contestations basées sur une revendication environnementaliste. Le conflit démontre aussi une évolution de l’exercice du pouvoir politique en Afrique. La contestation des politiques publiques devient de plus en plus récurrente notamment sur l’impact environnemental de ces dernières.
Si de nombreux villages s’opposent au projet en rejetant notamment par deux fois l’étude d’impact environnemental, les opérations de l’armée sénégalaise dans la région s’inscrivent sans doute dans une dynamique de sécurisation de la zone pour permettre l’exploitation de la mine. Combattre les rebelles c’est aussi protéger la mine pour éventuellement son exploitation d’autant plus que « Niafrang lieu de la future implantation minière est situé à portée de frappes de plusieurs groupes armés. Ces derniers qui sont au nombre de quatre à se partager le secteur ont à leur tête des chefs dont entre autres Salif Sadio. »[13]
Malgré ce potentiel énorme de déstabilisation de la région, l’Etat du Sénégal maintient malgré tout sa volonté d’exploiter la mine. Il compte y arriver à travers des concertations menées avec les populations riveraines et des acteurs influents de la région. Même si entre-temps, il y a eu un changement de régime, le projet demeure encore une priorité pour le pouvoir actuel. L’exploitation de la mine serait d’ailleurs un des projets phares du plan Sénégal émergent (PSE) pour lequel le président sénégalais Macky Sall a fait campagne pour sa réélection en 2019. Du côté des populations et activistes, l’alternance au pouvoir en 2012 n’a pas pour autant mis un terme aux contestations. Ces mobilisations contre le projet semblent traduire aussi une frustration des populations qui subissent les décisions publiques sans être associées à leur élaboration. Cela réveille également un vieux sentiment qui serait toujours actuel autour de l’idée de la spoliation pour les populations locales de leurs richesses et de leurs terres par des « étrangers » déjà vive à l’époque de l’adoption de la loi sur le domaine national.
Conclusion
Avec la recrudescence des offensives de l’armée sénégalaise contre les bases rebelles en Casamance, le conflit sécessionniste démontre encore son actualité. Si la région a connu ces dernières années de grandes périodes d’accalmie, c’est sans doute lié aux mutations géopolitiques que connaît la sous-région notamment en Gambie et en Guinée-Bissau qui constituaient des zones stratégiques du conflit. Ces deux pays ayant connu récemment des alternances politiques plutôt pacifiques constituent aujourd’hui des alliés sûrs pour l’Etat du Sénégal dans la lutte contre le MFDC. La rébellion s’en trouve plutôt démunie sans compter son essoufflement lié également à ses divisions internes qui contribuent à son affaiblissement. Pour autant, la fin d’une guerre ne se décrète pas et la domination armée de l’ennemie et donc de son affaiblissement ne signifie pas forcément la fin des hostilités. Des combattants démobilisés peuvent toujours chercher à atteindre l’objectif de départ par d’autres moyens et à la faveur de nouveaux enjeux. Le projet contesté d’exploitation du zircon doit faire l’objet de larges concertations sincères et objectives sur l’opportunité de son exploitation autrement, il pourrait constituer une nouvelle source violente de conflit dans une région qui a trop souffert des armes.
[1]Il n’existe aucune corrélation entre la fréquence, l’intensité ou la violence des guerres recensées au cours de la période postcoloniale et certaines caractéristiques culturelles ou sociales propres aux différents protagonistes des conflits. Cette observation rejoint ou confirme les conclusions établies depuis longtemps par les rares spécialistes de l’anthropologie de la guerre. Quels que soient leur niveau de développement technique, leur genre de vie, leur forme d’organisation sociale et politique, quelle que soit la propension des peuples du monde à entretenir un éthos plus ou moins guerrier, aucun d’entre eux n’est à l’abri du risque de la guerre, lequel semble reposer sur des facteurs purement historiques, càd non pas dépendant de la nature de la structure (ou du complexe culturel) mais issus d’une situation de crise affectant quelque type de structure que ce soit, indépendant donc de sa nature propre. Adam Michel, in Guerres africaines, de la compétition ethnique à l’anomie sociale, 2002
[2] « Dans un article du chercheur Vincent Foucher, paru dans le Sénégal contemporain, une nouvelle interprétation de la naissance du nationalisme casamançais implique fortement ce qu’il appelle une « lumpen-élite » (…) Cette lumpen-élite se serait crispée dans une attitude ethniciste révélée à elle-même par ses migrations hors de la région, ses associations et diverses activités exaltant le particularisme de leur région. » in Pr Assane Seck, Sénégal, émergence d’une démocratie moderne.
[3] Mathilde Leyendecker, Sergiu Miscoiu, „Passé militaire, trajets militants: La poursuite politique de la lutte armée par les indépendantistes en Casamance” in Michel Catala (dir.), L’Europe et l’Afrique – Conflits nationaux et coopérations régionales, des indépendances à nos jours, Rennes, Presses Universitaires des Rennes, 2020, pp. 117-130
[4] Seck Pr Assane, Sénégal, émergence d’une démocratie moderne 1945-2005, presses de la nouvelle imprimerie Laballery, 2005
[5] Seck Pr Assane, Sénégal, émergence d’une démocratie moderne 1945-2005, presses de la nouvelle imprimerie Laballery, 2005
[6] Marut, Jean Claude, Le conflit en Casamance : ce que disent les armes, Editions Karthala, mai 2010
[7] https://www.rfi.fr/fr/afrique/20190523-senegal-casamance-mines-conflit-armee-mfdc-deminage
[8] Gueye Doudou Dieye, in Déplacés et réfugiés du conflit casamançais : le paradoxe d’une hospitalité, Revue internationale des sciences économiques et sociales, Université Assane Seck de Ziguinchor, numéro 1 décembre 2020, Page 22
[9] Mathilde Leyendecker, Sergiu Miscoiu, „Passé militaire, trajets militants: La poursuite politique de la lutte armée par les indépendantistes en Casamance” in Michel Catala (dir.), L’Europe et l’Afrique – Conflits nationaux et coopérations régionales, des indépendances à nos jours, Rennes, Presses Universitaires des Rennes, 2020, pp. 117-130
[10] Ibid,
[11] L’EXPLOITATION DES SABLES MÉTALLIFÈRES DU LITTORAL CASAMANÇAIS (SÉNÉGAL): UN PROJET À RISQUES, Luc Descroix et Jean-Claude Marut, RG v1 n3, 2015
[12] https://www.sec.gouv.sn/dossiers/plan-s%C3%A9n%C3%A9gal-emergent-pse
[13] https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/politique-africaine/casamance-la-paix-menacee-par-une-mine-de-zircon_3059177.html